L’exercice illégal de la médecine dentaire au Maroc est un grand fléau de santé publique.
L’exercice d’un métier médical réglementé, exige une formation scientifique, théorique et clinique de son praticien, qui se doit être à jour perpétuellement de l’évolution scientifique et technologique qui ne cesse de changer.
Le médecin dentiste est amené à pratiquer des actes précis selon des normes bien étudiés afin de respecter les paramètres anatomiques et biologiques spécifiques à chaque patient, quelle que soit la nature de son acte : chirurgie, endodontie, prothèse…
Les actes pratiqués par le médecin dentiste, ne peuvent être pris à la légère et pratiqués par des personnes non qualifiées, qui se permettent d’alléguer leur droit d’exercice par un simple apprentissage, ou même l’héritage du métier de leurs ancêtres.
Pendant l’ère du colonialisme, seuls des médecins dentistes français avaient le droit d’exercer la médecine dentaire au Maroc en faveur des citoyens français résidants au Maroc. Ces médecins dentistes se faisaient assister par des aides opératoires marocains qui n’ont bénéficié d’aucune formation académique ou pratique, et ont appris à faire des extractions dentaires simples par observation. Ces derniers étaient, après l’indépendance du Maroc, et selon la loi publiée en 1960, l’issu provisoire pour répondre aux besoins en soins buccodentaires au Maroc, en attendant la formation de la première promotion de médecins dentistes marocains, et ce pour une période de cinq ans seulement selon la même loi.
Malheureusement la loi n’a pas été respectée. Le nombre de charlatans n’a cessé de croitre au fil des années, malgré la publication de circulaires interdisant leurs pratiques, par le Secrétariat Général du Gouvernement en 1994, et par le Ministère de l’Intérieur en 1998 et 2014.
Contrairement aux autres pays arabes qui ont pu stopper ce fléau, et ont instauré un système sanitaire assuré uniquement par les professionnels de santé, le Maroc n’a pas pu éradiquer le charlatanisme en médecine dentaire, dont les conséquences sont graves sur la santé du citoyen, et reste donc le seul pays parmi ceux appartenant à la même classe économique, voire moins, qui en souffre.
L’Ordre National des Médecins Dentistes du Maroc n’a pas cessé de revendiquer l’accroissement du nombre des pratiquants d’exercice illégal. Des réunions innombrables ont été entretenues avec les différents responsables : Messieurs les ministres de santé et d’intérieur, des groupes parlementaires, les autorités locales. Des actions minimes ont eu lieu, sans pour autant pouvoir avancer dans ce dossier critique.
Concernant la partie juridique de cette problématique, des poursuites judiciaires ont été menées contre ces pratiquants illégaux, et par les victimes et par l’Ordre National qui est désigné comme partie civile dans ce type d’affaires. Les sentences de prisons et d’amendes prononcées à l’encontre de ces charlatans restent minimes par rapport aux faits commis.
La loi n° 25-14, qui vise la protection de la pratique légale et réglementée de l’exercice des professions des préparateurs et manipulateurs des produits de santé y compris celle des prothésistes dentaires, stagne depuis des années dans la chambre des conseillers, malgré les nombreux appels à l’accélération de son vote. Cette loi mettra fin à l’abus des charlatans qui usurpent des titres de ces professions pour exercer illégalement le métier du médecin dentiste.
Vous pouvez voir des vidéos à propos de l’exercice illégal de la médecine dentaire sur la chaine Youtube du Conseil Régional Sud: émission 45min, témoignage de victime sur les infos de la chaine 2M, et des reportages.